La pizza : Ma force, ma bataille – Une part de réalité.

Jonathan Caldo

7/31/20233 min read

👋 Un édito ? Ça n’est pas vraiment mon truc. D’habitude, je préfère échanger des mots directement à la pizzeria ou garder certains sujets bien au chaud dans le four, en secret. Mais celui-ci, me titille…!

Aujourd’hui, je souhaite partager avec vous un morceau de ma vie, un aperçu de ma réalité quotidienne en tant que pizzaiolo atteint d’une maladie invisible : Crohn. Nous sommes tous des êtres humains confrontés à des événements de la vie, il est essentiel de nous entraider plutôt que de nous invectiver.

Dans ma vie de famille, aux côtés de mes proches, Mr Crohn (pour être moins formel) est omniprésent. C’est un compagnon de chaque instant qui définit ma façon de vivre. Les symptômes et les contraintes qui accompagnent cette maladie sont parfois difficiles à appréhender pour ceux qui ne les vivent pas eux-mêmes. Les douleurs abdominales brutales et intenses, les périodes d’épuisement et les contraintes alimentaires font partie intégrante de ma vie personnelle et professionnelle.

Récemment, j’ai dû faire face à une hospitalisation, qui m’a éloigné temporairement. Ce fut une période difficile, mais elle a renforcé ma conviction que nous sommes tous des êtres humains vulnérables, sujets aux aléas de la vie. Le monde de la restauration est rapide, exigeant et impitoyable, et il n’épargne personne. Mais il est crucial de se rappeler que derrière chaque tablier se cache une personne, un être humain avec ses propres luttes et épreuves. Une autre facette de ma réalité se dévoile.

Il y a des jours où je suis confronté à une clientèle parfois malpolie, incomprise et frustrée. Heureusement, cela représente une minorité. Les délais de production, les prises de commandes, les renseignements sur la carte – car il faut savoir que certains ne veulent pas se donner la peine de lire ou autres – et vous disent sans même une forme de politesse : « JE VEUX une pizza, fais-moi ça ! », et/ou les demandes spéciales peuvent être difficiles à gérer lorsque ma propre santé est affaiblie. Mais je m’efforce de garder le sourire, de me rappeler pourquoi j’ai choisi cette profession par passion et de me concentrer sur la satisfaction que je ressens lorsque je sors une jolie pizza du four, plutôt que de m’énerver à cause d’un genre de message que je reçois via les réseaux sociaux : « …Encore fermé, encore en vacances… », « …c’est quoi de tes prix de pharmaciens… » et j’en passe car je le répète les gouts et le couleurs sont propres à chacuns.

Lorsque je regarde en arrière, je réalise que Mr Crohn ne m’a pas seulement apporté des défis, mais elle m’a aussi enseigné, d’une certaine manière, la résilience et la compassion. Je me retrouve dans un monde où les règles fondamentales du « vivre ensemble » et du respect sont souvent négligées. Chaque jour, je me bats contre la douleur et la fatigue, mais je refuse de laisser la maladie dicter ma vie. Je suis plus conscient des besoins des autres, car je sais ce que c’est que de se sentir incompris ou jugé.

Dans ma vie de pizzaiolo, il y a des hauts et des bas, des jours de triomphe et des jours d’épreuves. Rappelons-nous que nous sommes tous vulnérables, que nous avons tous nos combats intérieurs. Nous sommes tous impactés par le fait que la conjoncture actuelle rend les fins de mois difficiles, que le prix du lait ou du beurre a explosé. Si tout a augmenté pour vous, cela a également augmenté pour moi. Croyez-moi sur parole, j’ai beaucoup, beaucoup, beaucoup absorbé les augmentations des matières premières.

Alors, si jamais vous me croisez derrière le comptoir, préparant une pizza avec soin malgré mes douleurs invisibles, sachez que je suis bien plus qu’un simple pizzaiolo. Je suis un être humain, tout comme vous, qui se bat contre une maladie invisible. Et dans cette conjoncture actuelle, nous avons tous la responsabilité de cultiver la compassion et la solidarité.